Nous avons évoqué plus haut le modèle ICAP (2014) et le continuum des modes d’engagement cognitif selon lequel l’apprentissage varie en fonction du mode d’engagement cognitif des apprenants : plus l’engagement est constructif et interactif, plus l’apprentissage se fait en profondeur. Inversement, un engagement en mode « passif » est source d’apprentissage restant davantage « en surface ».
Etienne Bourgeois apporte à ce modèle un éclairage nuancé et complémentaire confirmant le nécessaire maintien d’apports transmissifs en formation combinés à des activités entre pairs.
Nous détaillons, ci-dessous, l’importance de ces deux facteurs dans les apprentissages et en particulier leur contribution au processus de subjectivation de l’apprenant (c-à-d sa capacité à penser par lui-même et à vouloir, pouvoir et savoir s’affirmer comme « sujet »).
Se libérer des autres, de toute transmission verticale institutionnalisée est illusoire. Si le modèle « vertical » de la transmission basée sur de l’écoute, la reproduction ou le mimétisme a été largement critiqué depuis les années 60 au profit des « pédagogies actives » centrées sur l’apprenant, il importe de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
La dimension « transmissive », lorsqu’elle est déclinée sous une forme ajustée offre en effet de nombreux intérêts :
Pour que ce modèle opère, il doit toutefois répondre à certaines conditions :
On n’apprend pas sans les autres.
De nombreux auteurs et études démontrent l’importance des interactions en formation. Citons les facteurs d’influence suivants :
Le groupe est un espace de rencontre favorisant les remises en question (contribuant ainsi à la subjectivation évoquée plus haut) :
Les allers-retours entre soi et « les autres » permet l’expérimentation d’une large gamme de compétences dépassant celles énoncées dans la le programme de la formation :
Les activités en travail en (sous-)groupe permettent l’expérience immédiate de l’utilité de certains apprentissages.
Le groupe est un lieu d’expérience d’un cadre institutionnel clair.
Les interactions sociales sont indispensables quand il s’agit de voir ce qu’on ne pourrait voir seul.
Etienne Bourgeois
Le groupe ne doit pas devenir un nouvel espace d’enfermement. Veillez à réguler les échanges, à sortir de la relation « prof-élève » :
Alternez les modalités de travail : seul, en sous-groupe (binômes, quatuors, par 8) et en grand groupe.
Veillez à ce que l’apprenant continue à explorer le « monde » au-delà du groupe et des temps de formation.
Nous venons de voir combien les différentes approches ont leurs avantages, leurs inconvénients et leur complémentarité.
Si les méthodes « actives » et les « nouvelles pédagogies » ont aujourd’hui le vent en poupe, il convient de garder à l’esprit :
Comme le démontre Etienne Bourgeois, le modèle transmissif, dans sa version « moderne », a encore un rôle à jouer s’il est appliqué dans de bonnes conditions même si les interactions sociales sont essentielles dans le processus d’apprentissage.
Un formateur ne peut (et ne doit) en outre ni plaire ni convenir à tout le monde ! Chacun gardera son « style » tout en veillant à créer des situations d’apprentissages qui pourront trouver écho chez les différents profils d’apprenants.
Il n’y a donc pas de panacée universelle pour favoriser les apprentissages.
La meilleure approche reste celle qui favorise la diversité en veillant à choisir pour chaque séquence la méthode et les activités les plus adaptées aux objectifs pédagogiques.
Il s’agit de trouver le juste équilibre entre :
Motivation/incomplétude < > Structuration/exhaustivité
N’oublions pas que l’ennui nait de l’uniformité !
Diversifiez les méthodes !
Allez-y à progressivement : commencez par une nouvelle activité ou une modification à la fois. Expérimentez-là et familiarisez-vous avec elle avant d’envisager de nouvelles adaptations.
Plus vous vous sentirez en confiance et en phase avec les modalités proposées, plus les chances de succès seront grandes.
Posez-vous les questions suivantes :
Faites appel à votre chef de projet pour un accompagnement.
Bourgeois, Etienne, « Le désir d’apprendre », PUF, 2018.