Le Guide de la formation, par l’EAP
Chapitre 7

L'engagement actif

L’engagement optimal

L’engagement cognitif de l’apprenant est un facteur favorisant la transformation durable. Plus l’engagement cognitif est limité et plus le niveau d’apprentissage est réputé faible sur le long terme (apprentissages en surface).

Pour apprendre, l’apprenant doit donc être sollicité, engagé et actif sur le plan cognitif.

L'engagement actif
L'engagement actif

Pour un engagement optimal

Alternez les modalités :

  • Apprentissages seul
  • Apprentissage en groupe
  • Tests répétés des connaissances
  • et démarche réflexive

Nous détaillons ci-dessous quelques outils permettant de favoriser cet engagement optimal :

  • Le cône de l’apprentissage
  • Vygotski et la zone proximale de développement
  • Le jeu comme levier de la motivation
  • La démarche réflexive

Le cône d’Edgar Dale

Le cône de Dale, également connu sous le nom de triangle de l’apprentissage ou cône de l’expérience, est un modèle intuitif créé par Edgar Dale,chercheur américain en éducation intéressé par les principes d’enseignement audiovisuels.

Ce cône hiérarchise les différents médias utilisés en formation en associant :

  • des degrés d’abstraction pour l’apprenant : les méthodes les plus concrètes se situent à la base de la pyramide (basés sur une expérience « directe »), les plus abstraites (symboliques) au sommet ;
  • et l’engagement de mémorisation humaine qui serait liée au mode de perception plus ou moins concret.

Plus un apprentissage est concret et suscite la curiosité de l’apprenant, plus sa mémoire de ce dernier est disposée à se mettre au travail.

Le cône d’Edgar Dale
Le cône d’Edgar Dale

Il existe de nombreuses versions de ce cône. Des taux de rétention et de mémorisation (pouvant varier d’une publication à l’autre) sont en général associés à chaque méthode.

Notons qu’il n’existe, à ce jour, aucune étude scientifique qui permette de confirmer ces chiffres. À cet égard, l’interprétation et les extrapolations réalisées à partir du cône de Dale relèvent du neuromythe.

Les seules conclusions qui peuvent être tirées du cône de Dale sont:

  • la nécessité de varier les types d’expériences sensorielles que l’on propose en formation afin de stimuler la mémoire ;
  • l’efficacité relative de chaque méthode, en fonction du contexte ;

Notons à cet égard que l’aspect pyramidal peut être trompeur : les effets de la lecture et du transmissif peuvent ainsi apparaître comme minimes. Ces méthodes peuvent toutefois se révéler très efficaces lorsqu’elles sont intégrées dans dispositif formatif adapté aux objectifs et au groupe (et reposant notamment sur la variété des méthodes, le sens et les interactions).

La diversification des méthodes reste la meilleure approche !

La zone proximale de développement

La zone proximale de développement (ZPD) est un concept très répandu développé par Lev Vygotski (18969-1934). Ce pédagogue psychologue biélorusse est connu pour ses recherches en psychologie du développement selon lesquelles :

  • le développement de l’intelligence trouve son origine dans les relations interpersonnelles et les interactions sociales : « ce que l’enfant sait faire aujourd’hui en collaboration… il saura le faire tout seul demain » ;
  • les enfants confrontés à plusieurs à un problème améliorent leurs capacités cognitives si la situation les amène à formuler des réponses divergentes (« conflit sociocognitif »). Ils développent ainsi leur capacité à :
    • modifier leur point de vue quand celui-ci s’avère erroné ;
    • à utiliser une nouvelle compréhension lorsqu’ils sont seuls.

La ZPD est ainsi disparité entre :

  • le niveau de développement cognitif « actuel » d’un enfant (celui où il peut résoudre des problèmes de manière autonome) ;
  • et le niveau qu’il atteint lorsqu’il résout des problèmes en collaboration avec des personnes plus compétentes (experts ou pairs). Ce niveau est différent pour chaque enfant.

Cette zone se situe donc entre:

  1. La zone d’autonomie correspondant à l’exercice autonome et intériorisé d’une compétence (c-à-d’une compétence mobilisée seul, sans l’aide d’autrui)
  2. et la zone de rupture où, même avec beaucoup d’aide, la compétence ne pourra être mobilisée.
La zone proximale de développement
La zone proximale de développement

Ce concept, largement diffusé, fait toutefois l’objet de nombreuses interprétations voire de dérives.

Sans entrer dans les débats, notons par exemple, la tendance à recourir de façon systématique à la « situation-problème » visant à faire franchir aux apprenants des obstacles cognitifs pour « construire » de nouvelles représentations et en déconstruire d’anciennes.

Mais alors, que peut-on réellement déduire de la ZPD ?

L’intérêt de ce concept est double :

  • Il définit une « zone de défi réaliste » à viser par le formateur, laquelle est différente d’un apprenant à l’autre;
  • Il montre que les apprenants ne tirent aucun parti des interactions (entre pairs ou avec un formateur) en dehors de leur ZPD.

Notons enfin l’importance de laisser aux apprenants des temps pour expérimenter seuls la nouvelle compétence ainsi développée. Le formateur veillera ici à laisser les participants vivre l’inconfort en s’assurant qu’ils ne sont ni en ennui ni en stress.

Les leviers du jeu comme source d’engagement

Jouer est bon pour le cerveau.

Avec le jeu, l’apprenant peut difficilement être inactif sur le plan cognitif : il doit faire face à des choix et s’impliquer.

L’apprentissage par le jeu suscite de la curiosité, de l’intérêt et du plaisir augmentant ainsi l’attention et de la motivation d’une grande majorité des apprenants.

On parle de « gamification » de l’apprentissage, c’est-à-dire de l’utilisation des leviers issus du monde du jeu dans des environnements qui ne s’y prêtent pas à priori :

  • la compétition : il faut progresser, avancer… et gagner ! (quizz,…) ;
  • l’aléa : le hasard tient une place importante (pari, loterie, dé, etc.) ;
  • le vertige lorsqu’il faut prendre des risques et relever des défis ;
  • le “faire semblant”, pour les jeux où le participant est amené à être « quelqu’un d’autre » (jeux de rôles, de mimes, intrigues, etc.).

Intégrer des activités ludiques (appelées aussi activités ludo-pédagogiques ou ALP) et donner au contenu de formation un caractère ludique permet de :

  • Susciter davantage de motivation ;
  • Rendre l’apprenant davantage acteur de sa formation ;
  • Alléger la formation, l’apprentissage se faisant sans s’en rendre compte. C’est donc un excellent moyen de transmettre du contenu;
  • Mieux appréhender l’erreur : le jeu fournit l’occasion d’essayer sans la pression de la peur de l’échec.

Attention

Les mécanismes de jeu peuvent toutefois fonctionner plus ou moins bien en fonction des profils et des personnalités des apprenants (certains peuvent par exemple être allergiques à la compétition ou ne pas trouver cela suffisamment sérieux et c’est totalement leur droit !).

  • Mixez les dispositifs et types d’activités pour que tous les participants trouvent leur compte.
  • Le jeu, à lui seul, ne permet pas d’apprendre ! Prévoyez un temps de dialogue entre apprenants, de debriefing, d’échanger et partager entre eux sur ce qu’ils ont perçu, vécu et appris tout au long du jeu.
  • N’oubliez pas de donner du feed-back constructif ni d’encourager !

La démarche réflexive

« Si tu donnes un feed-back à un apprenant il apprendra un jour, si tu lui enseignes à analyser lui-même ses apprentissages, il apprendra toute sa vie. »

Comme nous l’avons vu plus haut, l’apprentissage n’est plus considéré comme un processus basé uniquement sur la transmission des connaissances par un formateur, mais comme un processus complexe dans lequel l’apprenant prend une part active dans l’élaboration et le développement de ses compétences.

La démarche réflexive est le moyen par lequel l’apprenant réfléchit sur son apprentissage et sur les processus qu’il met en place pour atteindre son but.

Elle lui permet:

  • d’identifier quand il sait et quand il ne sait pas (métacognition) ;
  • la prise de conscience de ses schémas de fonctionnement ;
  • et favorise ainsi l’amélioration de sa pratique en le mettant au centre de son apprentissage.

La réflexivité exige des interactions sociales : sans l’apport de l’autre, sans confrontation à l’altérité le sujet est incapable de nourrir et faire évoluer sa pensée.

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