Le Guide de la formation, par l’EAP
Chapitre 8

Le feedback et la consolidation

Le retour d’informations ou feed-back

Le feed-back
Le feed-back

Des systèmes cérébraux au service de l’apprentissage

Nos motivations les plus puissantes nous viennent de comportements ayant été bénéfiques pour notre espèce d’un point de vue évolutif. L’être humain s’est ainsi développé en reproduisant les comportements qui ont été récompensés à travers :

  • la satisfaction dans l’action ;
  • une stratégie gagnante face à un défi.

Des systèmes cérébraux spécialisés sont à la source de ces mécnismes :

  • le circuit de la récompense (« Medial Forebrain Bundle » ou MFB) est activé lors d’activités procurant du plaisir ;
  • le circuit de la punition (« PeriVentricular System ou PVS) » est activé en cas de danger ou de stress ;
  • le circuit de l’inhibition de l’action (« Behavioral Inhibitory System ou BIS) est activé en cas d’impuissance face à un danger, cest-à-dire lorsqu’aucune stratégie gagnante (ou neutre) n’a fonctionné. La personne ne peut que subir passivement, ce qui engendre des conséquences pathologiques à long terme.
Les circuits de renforcement ou la motivation par la récompense biologique
Les circuits de renforcement ou la motivation par la récompense biologique

Un apprentissage aura dès lors d’autant plus de chance de se mettre en place rapidement et durablement que la réponse proposée sera source de plaisir.

Notre cerveau fonctionne en outre par itérations :

Les itérations du cerveau
Les itérations du cerveau

Il effectue des prédictions (plaisir, danger, douleur) dont il corrige continuellement le tir grâce à un mécanisme de retour d’expérience et de signal d’erreur, le feedback.

Lorsque le feedback est positif, il correspond à un signal d’approbation, qui nous incite à persévérer dans notre comportement. En revanche, un feedback négatif nous signale que le comportement adopté ne permet pas d’atteindre les objectifs, et qu’il faut donc le changer.

L’erreur et la correction de celle-ci font donc partie intégrante du processus d’apprentissage.

Ce que nous apprennent les neurosciences rejoint et étaie à cet égard les sciences de l’éducation.

Transposé à la formation, le feedback est le moyen par lequel le formateur informe un apprenant sur son apprentissage et plus particulièrement, sur le lien entre l’état actuel de son parcours et les objectifs attendus.

Le feed-back constructif comme moteur de l’apprentissage

L’erreur est donc non seulement inévitable mais très utile. Encore faut-il l’identifier et savoir quoi en faire pour la dépasser.

Réfléchir à sa pratique constitue le premier pas vers une conscientisation et une amélioration de celle‐ci mais cela ne suffit pas.

Recevoir du feedback est l’occasion pour l’apprenant de faire le point sur le chemin parcouru et sur celui qu’il reste à parcourir.

Cependant, une grande quantité de facteurs entrant en jeu dans l’appropriation du feedback.

Pour que celui-ci soit efficace, il doit :

  • être immédiat, ou en tous cas il doit avoir lieu le plus rapidement possible après l’action ;
  • être spécifique, indiquer clairement à quelle(s) situation(s) précise(s) de l’action il se réfère et rester focalisé sur les objectifs attendus ;
  • mettre en évidence les aspects positifs de l’action (le chemin accompli) afin que l’apprenant puisse prendre appui sur ses acquis pour construire son apprentissage et rester motivé (le stress étant inhibiteur d’apprentissage) ;
  • proposer des idées d’amélioration, pour éviter le sentiment d’impuissance et donner envie de passer à l’action ;
  • reposer sur une quantité d’informations limitée afin d’éviter la surcharge ou le découragement ;
  • offrir une « récompense » : approbation, validation et/ou encouragement.

Le retour que vous faites aux apprenants sur les résultats de leur action (feed-back) est essentiel, du fait qu’il donne envie de s’améliorer et entretient la motivation à apprendre.

  • L’erreur ou l’incertitude sont normales – elles sont même indispensables.
  • Le stress inhibe l’apprentissage.
  • La motivation positive et les encouragements stimulent l’apprentissage.

Approuvez, validez et/ou encouragez.

La consolidation

La réactivation consolidation
La réactivation consolidation

C’est l’étape où les connaissances sont intégrées et automatisées. L’automatisation est le fait de passer d’un traitement conscient, avec effort à un traitement automatisé, inconscient.

Il n’y a qu’à se remémorer nos premiers pas vers le permis de conduire pour réaliser qu’au début de cet apprentissage, il y a un effort conscient pour gérer en temps réel la multitude de signaux : les vitesses, les pédales, le volant, les rétroviseurs, le code de la route, l’environnement extérieur, les instructions du moniteur. On est bien loin de la tâche unique dont le cerveau a besoin pour apprendre.

C’est l’exemple type d’un traitement explicite : une situation où le cortex préfrontal est fortement mobilisé par l’attention exécutive. L’enjeu de l’apprentissage sera d’accomplir le transfert de l’explicite vers l’implicite c’est-à-dire de mobiliser les compétences acquises sans devoir y penser.

En se transférant vers des réseaux non conscients, plus rapides, plus efficaces, le cerveau parvient ainsi à une automatisation. Celle-ci est cruciale car elle libère des ressources pour de nouvelles activités, apprentissages.

Cette automatisation passe par la répétition et l’entrainement :

  • pour mémoriser une information, notre cerveau a besoin de 3 à 5 passages au minimum ;
  • pour intégrer une nouvelle habitude, il a besoin de 21 jours ;
  • le cerveau a besoin d’une pause de temps en temps. La répétition espacée améliore l’assimilation des informations en évitant la surcharge cognitive.
Taux de rétention (mémorisation) en fonction des intervalles de  la réactivation
Taux de rétention (mémorisation) en fonction des intervalles de la réactivation
Rendre ce que l'on enseigne mémorable
Rendre ce que l'on enseigne mémorable

Sources

  • Palminteri, S., Khamassi, M., Joffily, M., & Coricelli, G. (2015). Contextual modulation of value signals in reward and punishment learning. Nature communications, 6, 8096
  • Jean FRAYSSINHES et Florent PASQUIER, « Neurosciences et apprentissages via les réseaux numériques », Éducation et socialisation [En ligne], 49, septembre 2018.
  • Flashcard : https://donnezdusens.fr/comment-enseigner-de-maniere-memorable/
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