Parallèlement à l’évolution des pratiques, la posture du formateur a tendance, elle aussi, à se transformer. Au-delà des aspects purement pédagogiques, l’avènement des technologies a contribué à faire évoluer les modalités d’apprentissages (e-Learning, blended, utilisation des tablettes, etc…) et leur accompagnement.
Le formateur classique ou « 1.0 » est celui de la pédagogie transmissive traditionnelle où un formateur-expert distille son savoir dans le respect d’un programme en apportant les éléments de connaissances, les outils et méthodes aux apprenants.
Le formateur 2.0 est un animateur collaboratif et participatif qui utilise des méthodes actives et une approche relationnelle de la transmission de connaissances. Il dynamise le processus d’apprentissage, « booste » les échanges entre les apprenants et fournit les moyens pédagogiques nécessaires. Les nouvelles technologies y sont fréquemment associées pour stimuler la dynamique et la participation des apprenants entre eux (consultation de sites, production et diffusion de contenus via des wikis ou des blogs).
Le formateur 3.0 est connecté et s’inscrit dans le Web 3.0 (aussi nommé «Internet des objets »). C’est un formateur collaboratif, dans une posture de facilitateur, qui laisse les apprenants construire leur propre savoir et aide la survenance d’un co-apprentissage. Il capitalise les résultats avec et pour le groupe et relie les apprenants aux ressources de leur environnement, notamment en utilisant des outils numériques et le digital.
Le formateur 4.0 créera des écosystèmes socio-connectés dans le web 4.0 (vision « futuriste » en cours d’émergence). Il créera des environnements d’apprentissage, rendant les apprenants capables d’apprendre par eux-mêmes. Il est à la fois formateur et ingénieur pédagogique. Il dispose d’outils conceptuels, techniques et physiques lui permettant d’exercer son activité : il dispose d’abonnements sur des plateformes e-learning, d’une banque de liens vers des MOOC et des modules Serious Game - et qui enrichissent son catalogue.
Lignes directrices de la posture d’animateur-facilitateur à l’EAP
L’esprit n’est pas un contenant à remplir, mais plutôt un feu à allumer.
Plutarque
L’EAP souhaite que ses formateurs transforment progressivement leur posture d’expert-animateur (2.0) en une posture polymorphe, celle d’un formateur qui crée des situations d’apprentissage variées à la recherche de l’adéquation entre objectifs d’apprentissages et méthodes/activités.
Un formateur flexible qui s’ajuste dans l’ « ici et maintenant » à la réalité de son groupe, sans perdre de vues les objectifs pédagogiques.
Pour cela, l’EAP souhaite :
renforcer les compétences et l’expertise de ses formateurs ;
diminuer la part de transmission dans son acception traditionnelle et à favoriser les interactions entre apprenants ;
instaurer une relation plus égalitaire entre le formateur et l’apprenant basée sur la confiance et le respect mutuel ;
créer des dispositifs (en présentiel ou digitaux) favorisant des appropriations durables et où l’apprenant est acteur de son apprentissage (c-à-d en position de choix et non d’exécutant), s’appuyant notamment sur une démarche réflexive ;
renforcer la flexibilité et les compétences d’adaptation de ses formateurs afin de répondre aux attentes et besoins exprimés par un groupe, un formateur qui sait trouver le juste équilibre entre :
flexibilité, cap et dispersion (assurer les indispensables) ;
transmission et interactions ;
incomplétude, apprentissage et exhaustivité ;
théorie et pratique ;
ambition à portée des apprenants et vulgarisation ;
stress, ennui et frustration.
La finalité de la formation ne devrait pas tant être de « faire apprendre » que de donner à la personne les moyens de s’approprier les savoirs afin d’en devenir sujet : un sujet inscrit dans une culture et une histoire, qui se construit dans sa relation à autrui et qui est capable de désirer, penser, parler et agir en « JE » dans le monde.